dimanche 20 avril 2014

Dossier 64

Après Misérciorde, Profanation et Délivrance, les trois premiers thrillers du danois Jussi Adler Olsen, ce Dossier 64 est un nouveau cold case confié à l'équipe déjantée du département V, confinée au sous-sol du commissariat.

Commençons par les présentations d'ailleurs. Carl Morck flemmard invétéré est inspecteur de police placardisé à la suite d'une affaire sanglante qui a coûté cher à ces deux coéquipiers. Il y a aussi le factotum-balayeur Hafez El-Assad. Il  se présente simplement comme syrien et c'est un mystère à lui tout seul, et  le fil rouge tout au long des romans. Il nous abreuve de réparties truculentes aux parfums de déserts et de dromadaires et de proverbes dignes des plus grands marabouts africains tels que "Qui pisse contre le vent, se rince les dents". Rose n'est pas en reste. Cette secrétaire redoutable et atypique souffre d'un syndrome de double personnalité, une sacrée fille qui embrouille fortement les deux mecs de l'équipe.

Justement c'est de femmes dont il est question dans ce polar. Novembre 2010, la tenancière d'une agence d'escort girls se fait violemment agresser. Rose fait rapidement le rapprochement avec une autre affaire non résolue. En 1987, Rita Nielsen une prostituée s'est volatilisée, sans explication, et, en fouinant un peu, Rose découvre que d'autres disparitions ont eu lieu à la même époque. De fil en aiguille, ces deux affaires conduisent le département V dans les années 50, sur l'île de Sprögo. A cette époque, l'Etat danois y enfermait des femmes considérées comme des rebuts de la société au nom de théories eugénistes.  Des femmes enceintes ou qui dérogeaient à la bonne moralité danoise, considérées comme débiles ou folles. L'Eugénisme prônait l'isolement et la stérilisation contrainte de ces femmes pour éviter qu'elles ne gangrènent la société et la race "pure" danoise, et plus largement les sociétés scandinaves et de l'Europe du Nord. Un passé peu glorieux pour le Danemark qui resurgit en 2010 sous les traits de Curt Wad, un sale type partisan de l'eugénisme (comme son bon vieux papa) et qui met encore en application ces pratiques barbares.

Le sujet est poignant. Et l'histoire de cette vengeance qui mène le récit est plutôt réussie. On avale les six cents pages du roman avec rage. Le Danois a encore réussi son coup. ( Ouf ! Cela compense amplement l'écriture parfois sans relief, comme c'est souvent le cas chez nos auteurs nordiques préférés... ) On attend une suite évidemment. On aimerait savoir qui se cache derrière Assad ? (ou pas d'ailleurs ...!? ) Et puis encore se délecter de cet humour truculent. On  redemande de ces petites leçons de vie prodiguée par Rose  (pour toutes celles et ceux qui se demandaient  "comment faire pipi dans les toilettes des filles"...).

"Dossier 64" de Jussi Adler-Olsen traduit du danois par Caroline Berg, Ed. Albin Michel, 2014

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