vendredi 21 novembre 2014

La fille de Femme-Araignée

Anne Hillerman est bien la fille de son père Tony, auteur américain de romans policiers ethnologiques, décédé en 2008. Elle marche dans ses pas en reprenant la suite des enquêtes de John Leaphorn. Pari à la fois audacieux et périlleux !
On retrouve Leaphorn, dès les premières lignes du roman. Sous les yeux de Bernadette Manuelito, membre de la police de la Nation Navajo, le vieux flic à la retraite tombe sous les balles d'un tueur qui prend aussitôt la fuite, sans laisser aucun indice. C'est Bernie, la femme de Jim Chee, qui recueille Leaphorn dans ses bras lorsqu'il est abattu. Elle se fait alors un devoir de mener l'enquête aux côtés de Chee. C'est un question d'honneur. Bernie le promet à son ami entre la vie et la mort.
Qui peut en vouloir à Leaphorn ? Règlement de compte au sujet d'une ancienne affaire ?  Une arnaque aux assurances qui aurait mal tournée depuis qu'il est devenu enquêteur privé pour le compte d'assureurs ?  Elle reprend alors les anciens dossiers de Leaphorn pour mettre la main sur le tireur. Elle part également à la recherche de ses proches.  De fil en aiguille, elle tombe sur un dossier lié à l'acquisition de poteries Navajos rares et précieuses et surtout très convoitées par un musée du Nouveau Mexique...
Une fois encore, la culture Navajo est au coeur du récit avec ses mythes, ses objets traditionnels, ses coutumes notamment celles liées à la mort, la structure familiale et toujours les difficultés liées à son intégration dans la société américaine. Anne Hillerman aborde ces questions de façon très féminine et très sensible. Cette écriture à fleur de peau la distingue de celle de son père.
Sans conteste, les femmes sont l'âme de ce roman : Louisa l'amie de Leaphorn, la soeur de Bernie et sa mère, tisseuse. Elle a transmis à sa fille son art que Anne Hillerman  met en en lumière en décrivant avec beaucoup de tendresse les tapis tissés par les femmes Navajos.
Comme son père, Anne Hillerman n'a pas son pareil pour les descriptions de paysages sublimes et immenses. Shiprock, "le rocher ailé" en français, nous paraît grandiose !

Au final, l'intrigue tient en haleine et  le dénouement est  bien ficelé. Certains personnages sont vraiment attachants et touchants. Ce qui  fait de Anne Hillerman une digne héritière de son père. Évidemment, on attend la suite.


La fille de Femme-Araignée, de Anne Hillerman, traduit de l'anglais (américain) par Pierre Bondil, Rivages, 2014