dimanche 24 janvier 2016

Lauren Beukes, à prendre ou à laisser


Lauren Beukes est une écrivain sud-africaine de polar bien particulière. J'ai présenté récemment Les Lumineuses, premier roman policier sorti en 2013 qui suivait deux romans du genre fantastique. Je me demandais ce que me réserverait  Les Monstres en 2015.
Je n'ai pas été surprise car, une nouvelle fois, Lauren Beukes a écrit un polar avec un dénouement audacieux et osé qui a de quoi surprendre ceux qui ne la connaissent pas encore. On aime ou on déteste ! 

En quelques mots, voici ce qu'il faut savoir de l'intrigue : L'inspectrice Gabriella Versado travaille à Detroit, aux Homicides. Elle ne s'était jamais trouvée face à une telle monstruosité : un jeune garçon mutilé, le haut de son corps mêlé aux membres inférieurs d'un cerf. Gabi se lance alors à la recherche du macabre sculpteur. Pendant ce temps, sa fille, Layla, qu'elle délaisse trop souvent, se met en tête de débusquer des pervers sur Internet avec sa meilleure copine de lycée Cas. Sa mère ne se doute pas un instant que l'adolescente est à deux doigts de tomber entre les mains d'un psychopathe.

Ça sent le bon thriller évidemment, mais pas que. Lauren Beukes ne se contente pas de nous embarquer avec talent dans cette enquête, elle nous entraîne dans une vraie descente aux enfers.
Les médias, les réseaux sociaux, l'art dégoulinent de monstruosités. Lauren Beukes découpe au scalpel une société occidentale pourrie, où les monstres ne sont pas toujours ceux qu'on croit. Ou, tout du moins, ceux qui affichent leurs horreurs à la face du monde le font de bien des façons (meurtres, agressions, mépris, violences sur internet).

Autre surprise, Lauren Beukes d'origine sud-africaine a posé le décor du roman aux Etats-Unis. Les descriptions de Detroit rappellent celles de la ville de Boston écrites par le talentueux Dennis Lehane, avec ses quartiers délabrés qui vomissent toute la misère humaine. 
Quoiqu'en disent certains, je trouve que les personnages ont de l'épaisseur : les deux ados ne sont pas que des boutonneuses décérébrées, le SDF, l'accroc aux  réseaux sociaux, chacun laisse au fil des pages transparaître ses failles et sa volonté de changer sa destinée. Une destinée qui les conduit tous à ces dernières pages du roman,  au dénouement incroyable de Lauren Beukes. 

A prendre ou a laisser. Moi je prends, j'aime le surprises !

Les Monstres de Lauren Beukes,
traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Laurent Philibert-Caillat, Presses de la Cité, 2015 

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